Depuis 2001, l’Axonais Robert Riblet se bat contre la Française des Jeux en criant haut et fort à l’injustice. Il accuse l’institution d’escroquerie, tromperie et de publicité mensongère.

Ce retraité, âgé de 67 ans, aime comparer son combat à celui d’Erin Brockovich, cette autodidacte Américaine qui avait exposé au grand jour une affaire de pollution des eaux potables en Californie. Le combat de Robert Riblet est tout autre. Passionné des jeux de grattage de la Française des Jeux, il soutient depuis plusieurs années que la détermination et la répartition des gains n’ont absolument rien d’aléatoire. Selon lui, la FDJ a « rompu l’égalité entre les joueurs ».

Il dit avoir eu un déclic un jour de septembre 2001

Robert Riblet aurait découvert le pot-aux-roses dans un bar-tabac de l’Aisne. À l’époque, alors qu’il prend un apéritif avec des amis, il assiste à un « étrange manège ». Au comptoir, il observe un habitué acheter un carnet entier de tickets et les gratter un par un jusqu’à décrocher le gros lot. Le buraliste range alors ce qu’il reste de tickets et sort un autre livret. Intrigué, Robert Riblet alerte la FDJ, pensant qu’elle n’est « pas au courant de la magouille », et lui propose des pistes pour améliorer le système. Sans succès. L’institution fait la sourde oreille.

Il se lance alors dans une enquête effrénée qui durera 3 ans et pendant laquelle il rencontrera 1.500 détaillants et dépensera pas moins de 33.000 euros de jeux à gratter. Ses conclusions ne se font pas attendre. Il assure que chaque « livret » de tickets (50 pour un jeu à 3 euros) est programmé en amont pour ne comporter qu’un seul lot significatif. Les autres tickets sont soit perdants soit gagnants de montants dérisoires. Par conséquent, le système encourage les dérives de certains buralistes et joueurs qui augmenteraient leurs chances en ne piochant plus dans les livrets dont le « lot » est déjà gratté.

Riblet contre-attaque

Robert Riblet assigne la FDJ en justice en 2006, et engage parallèlement contre elle une procédure pénale à Nanterre. Il affirme que l’institution française lui aurait proposé 450.000 euros pour renoncer à son action. Puis, face à son refus, elle lui aurait fait subir des pressions: « Quelqu’un en possession des adresses de toute ma famille m’a conseillé de me taire.  » La FDJ a riposté en attaquant en diffamation Robert Riblet, un procès qu’elle a finalement perdu en 2008, et a modifié le règlement de ses jeux de grattage.
Retournement de situation en août 2013, tandis que la justice civile déboute Robert Riblet, et le condamne à verser 10.000 euros de dommages et intérêts à la Française des Jeux. Ce dernier ne se laisse pas abattre et fait immédiatement appel. Il qualifie cette décision de « scandaleuse » et accuse la justice d’avoir « botté en touche pour éviter un gros scandale ».
Un juge d’instruction a rendu le 10 juillet dernier un non-lieu déclarant qu’il n’y avait pas de charges suffisantes pour retenir une quelconque tromperie de la part de la FDJ.

Un ancien PDG de la FDJ, Gérard Colé, avait lui aussi accusé l’entreprise d’État d’avoir trompé pendant des années les amateurs de jeux de grattage. Robert Riblet a trouvé là un soutien de choix : « il a confirmé mes dires, mais il n’a même pas été entendu », puis il ajoute: « Je comprends les réticences de la justice : si elle me donne raison, la FDJ aura à affronter 29 millions de joueurs mécontents ». Quoiqu’il en soit, il semblerait que la grande gagnante de l’histoire soit la FDJ.